mercredi 29 octobre 2008

Aux 35 heures...

35 heures c'est pas la duree du travail au Bresil mais le nombre d'heures absurde que je viens de passer dans le bus qui reliait Rio de Janeiro a Cuiaba. Bizarrement, ca ne m'a pas paru si long, perdu que j'etais dans mes pensees aventureuses, me rememorant mes rencontres passees et prejugeant de ce qui m'attend dans les jours qui viennent... Le bus est tombe en panne de clim' durant l'apres-midi d'hier et on a, durant la nuit, change de vehicule, passant d'un four a un frigo... Dans le cirage total, j'ai laisse ma serviette de bain technique 'hyper-absorbante', un peigne et un flacon de savon liquide dans la pochette de l'ancien bus - une broutille qui ne m'a gene qu'au moment de me doucher (un tee-shirt, ca peut aussi servir de serviette). Je suis donc finalement arrive a Cuiaba, porte d'entree du Pantanal Nord a 5 heures du matin, seul avec une unique adresse en poche, glanee dans le petit hotel de Manaus... Il fait 30 degres et un taxi sympathique me hele des mon arrivee pour me conduire directement a l'auberge - fermee - a cette heure matinale. Je sonne, j'appelle dix fois... rien et je me resouds donc a attendre l'ouverture en somnolant sur le trottoir appuye sur le sac du velo... C'est la femme de menage qui me tire 15 mn plus tard de mon coltard... Formalite d'entree, puis je me couche 3 heures avant d'entamer un tour de la ville en regle... Quelques quartiers sympathiques mais rien de renversant dans cette ville qui me semble plus petite que ce que je pensais. Le plus important : j'ai repere les directions, les sorties de ville pour que demain, a l'aube, je ne perde pas de temps dans la circulation. J'ai deplie le velo dans la cour de l'auberge devant l'oeil incredule des deux - jolies ;-) receptionistes qui ont cesse tous travaux pour papoter une bonne heure avec moi et me dire, entre autre, que l'accent francais est craquant et qu'elles sont desole parce qu'elles travaillent beaucoup et qu'elles ont pas bonne mine !!! Mais pas le temps de batifoler, j'ai deja la tete dans le guidon et ma premiere etape, Chapada Dos Guimaraes, a 65 km au Nord de la ville, promet d'etre interessante en plus d'etre une bonne mise en jambe apres 20 jours sans velo... Des canyons, des chutes d'eau et des paysages a couper le souffle selon l'hotesse de l'office de tourisme... J'y cours, j'y vole, j'y roule !!!

lundi 27 octobre 2008

Pantanal, me voila...


Petit cours de geographie pour ceux qui comme moi, n'avait jamais entendu parle du Pantanal il y a peu... Il se situe a l'ouest du Bresil, a proximite de la frontiere bolivienne et c'est une vaste region de pres et de savane inondees qui couvre 200.000 kilometres carre durant la saison des pluies. Il s'etend sur une partie du Bresil, du Paraguay et de la Bolivie. Cette vaste plaine est alimentee par la riviere Paraguay et plus ou moins 150 rivieres venues majoritairement de Bolivie. Ces marecages abritent 3500 especes de plantes, 650 especes d'oiseaux, approximativement, 125 types de mammiferes, 180 types de reptiles, 41 types d'amphibiens et 325 especes de poissons. Le Pantanal est une source importante d'eau douces pour les surfaces cultivees alentours et les zones urbaines peripheriques.
Il est aujourd'hui protege officiellement car menace par l'elevage extensif, l'agriculture et des projets d'amenagement routiers. Recemment les gouvernements des pays sud-americains ont propose la construction d'un canal qui pourrait impacter significativement l'approvisionement en eau du Pantanal. En 2005, un ecologiste bresilien de 65 ans s'est imole par le feu pour protester contre la construction d'une fabrique d'alcool de canne a sucre...
Cette plaine est accessible par le Nord via la ville de Cuiaba (ou je suis) et par la Sud via la ville de Campo Grande que je vais tenter de relier, en velo et en bateau, malgre la saison des pluies qui approche...

dimanche 26 octobre 2008

Diaporama amazonien


Une vision imparfaite de la vie amazonienne sous la forme d'un diaporama de 176 photos qui résument 20 jours de voyages. A découvrir en cliquant sur l'image ci-dessus.

Ça mouille...

Il est 7 h, il pleut à torrent depuis deux heures et ce petit bonhomme en pyjama profite d'une accalmie pour faire pipi* sur le pont supérieur... ce que je comprends parfaitement tant il est compliqué de rejoindre les toilettes un pont en dessous !
* Ici on dit faire "xixi" et ça se prononce "chichi".

En chantier


Le déchargement des marchandises est toujours une grande aventure qui retarde pas mal le bateau... chacun vient chercher ses colis avec son camion, pick-up et autres plateaux dans un désordre certains et voila comment les escales de deux heures durent quatre heures...

Quand y'a pas de place...


On arrive souvent dans des ports bondés ou la place fait cruellement défaut... Ça ne gêne pas du tout le capitaine, qui très finement vient se coller aux autres bateaux pour permettre de décharger marchandises et passagers en passant sur les autres bateaux. Inconcevable en Europe, ici, c'est juste "normal" comme on dit en portugais... Enfants, parents, grand-mères sont alors passés par dessus bord puis porter sur les autres bateaux jusqu'au ponton, dans la bonne humeur...

C'est vraiment beau...


Je l'ai dit juste avant mais c'est vraiment souvent très beau avec une lumière extrêmement polarisé qui sature les couleurs... Bref, j'aime beaucoup cette image ;-)

C'est beau...


On s'ennuie pas une seconde sur le bateau, entre les gamins, les copains et les discussions avec les gens du cru, j'ai pas vu passé les 6 jours. Le paysage est extraordinaire et très changeant, tantôt on navigue sur un fleuve qui semble être la mer, tantôt on se trouve sur des rivières à peine plus large que le canal de Bourgogne, avec une végétation et des cieux absolument fantastiques... et toujours ces couleurs somptueuses ;-)

Petite bonne femme...

Elle a 5 ans à tout casser, est indienne et depuis le début du voyage fait rigoler tout le monde avec sa dégaine de petite bonne femme hyper-active... elle court partout pour aider sa maman et son petit frère encore bébé en gratifiant tout le monde d'un large sourire complètement craquant... quand elle joue pas en galopant partout avec ses copains-copines du bateau... Imaginez la scène et essayer de la transposer en Europe... des enfants de 2 à 5 ans courent partout sur un bateau plein de dangers potentiels (brulure, chute dans l'eau, dans les escaliers...) sans que les parents s'en inquiètent. Ça fait réfléchir à l'éducation des enfants en Europe et... il faut vraiment que je fasse des bébés ;-)

Muette...

Elle doit avoir 3/4 ans et un matin, sortie de nulle part, elle est venue jouer avec moi pendant une bonne heure sur le pont supérieur, à me sauter dessus, me pincer, la tête en bas, la tête en l'air, à faire l'avion, dansant, courant puis est repartie comme elle est venue avec son grand sourire et ses yeux tous noirs... Elle m'a pas décoché un mot, je sais pas comment elle s'appelle, si elle parle ou non, elle se contentait de me fixer droit dans les yeux, en souriant, pendant que je lui demandais doucement son prénom (?!).

Petit homme...

Il faut bien passer le temps sur le bateau alors, en accord avec les parents, nous "les gringos" on s'occupait un peu des enfants pendant que la maman vaquait a ses occupations quotidienne. On a donc créé des liens avec certains gamins-gamines plus qu'avec d'autres et lui, s'appelle Douglas (prononcé DOglas - comme il me la dit souvent) a 12 ans et le cadet d'une famille de 3 enfants. Espiègle et assez "remuant" il est venu jouer avec nous dès le second jour. Ensemble, on a fait des avions en papier et des bateaux qu'on a lancé depuis le pont inférieur du bateau. Je lui ai dit qu'ils allaient jusqu'à Manaus (une promenade de 1850 km, c'est rien pour un bateau en papier ;-). Il a joué avec mes jumelles pendant un jour entier et a fait des photos "étranges" avec mon appareil, toujours avec beaucoup d'enthousiasme..
Ici, il lance son avion dans ma direction.

Benjamine...


Lola dans son hamac, c'est encore une photo de Taïs...
Elle s'appelle Lola, a un mois et est la benjamine du bateau. Elle a passé 6 jours dans un hamac sur le pont du bateau avec son papa colombien et sa maman française. Elle est né au Brésil et aura donc la triple nationalité... Les deux premiers jours de grande chaleur, je lui ai laissé le confort climatisé de ma cabine... Après, c'était en panne et la cabine est devenue une fournaise. Elle a donc dû supporter la chaleur comme les autres...

Taïs

Elle a douze ans, est un parfait exemple de "caboclette" amazonienne, ce mélange d'indiens, de noirs et de colons portugais avec ses yeux verts extraordinaires. Elle vit dans un village paumé de l'Amazone et a sidéré tous les "gringos" du bateau par son intelligence, sa débrouillardise et ses qualités de photographe (sans oublier d'être une gamine joueuse). Elle est venue parler en portugais avec les "gringos" dès le début du voyage. Je lui ai filé mon appareil photo dès le troisième jour. Elle est revenue une heure plus tard avec un reportage photo d'une grande qualité sur la vie du bateau... Elle avait pourtant jamais utilisé un appareil photo numérique. Elle peut dessiner une carte de tout le Brésil avec chacun des états et a localisé notre parcours fluviale sur ma carte en quelques secondes. La photo ci-contre est un bel auto-portrait. L'idée et la photo de l'article "-15", c'est elle également. Je lui ai promis de mettre sa photo sur internet et de lui envoyer le lien... voilà, c'est fait !
Parabens, Taïs, 'ta otima - beijo

Routards


On était pas si nombreux sur le bateau mais c'était déjà pas mal... des routards du monde entier qui trainent en Amérique du Sud depuis des mois voire des années et qui remontaient l'Amazone comme on fait un pèlerinage... Baki, le japonais qui quittera le bateau après deux jours parce qu'il supporte pas la promiscuité, Sebastian, le hollandais aux dreadlocks avec Sofia sa chérie uruguayenne, Christina et Janette les deux solides allemandes, qui boivent de la bière et fument clopes sur clopes, Juliette, la française qui viendra un soir me raconter la galère pas possible qu'elle vit avec son mec colombien et Lola leur bébé de un mois, Diana, la russe éplorée, loin de chez elle, qui cherchent le réconfort entre deux sanglots auprès de tous et un groupe d'australiens hermétiques, totalement à part avec qui je parlerais 3 secondes parce qu'ils ont vu le vélo et me lancent un "fucking shit, man, it's a very long way..." (putain de merde, mec, c'est un sacré voyage !!!).

Terrvisex* !!!!


Martin, là, bloqué sur une plage amazonienne... en dessous c'est Rein.
Ils s'appellent Rein et Martin (rouler le "r" de Rein et prononcer "Martch"), sont estoniens et on est devenu copains comme cochons. On s'était aperçu à l'auberge de Bélem et on avait échangé deux mots dans des conditions que je peux pas raconter ici ;-) Ces deux grands gaillards sont étonnants, ils voyagent depuis un mois avec des sacs énormes et toute leur bouffe... depuis les bonbons, jusqu'aux bouteilles d'eau gazeuse de Georgie (!?). J'apprendrais plus tard que le plus âgée a eu de gros problèmes de santé en voyage il y a dix ans et qu'il ne peut plus rien manger de douteux. Ça ne l'empêche pas de voyager et a déjà plus de 90 pays à son actif. Il parle anglais, a une culture du voyage encyclopédique et je lui trouve quelque chose du Docteur Livingstone. Rein, le plus jeune est un jovial colosse, une force de la nature qui parle peu anglais avec un fort accent et répète sans cesse, quand quelque chose l'étonne "Very exklusiv" en roulant les "R" comme seuls savent le faire les gens de l'Est. Si j'avais pas déjà payé mon billet pour Rio, je serai resté avec eux, ils partaient vers le Venezuela et les chutes du Salto Angel pour ensuite redescendre en Bolivie, puis le Costa Rica - tout ça en bus avec leurs très gros sacs - é(s)tonnants... comme des estoniens ?
Comme j'ai aussi une espèce de fascination pour la culture des gens de l'Est... Je prévois un voyage en moto vers Taline en Estonie dans très peu de temps - peut-être en février - si ça tente quelqu'un, je garantis un accueil "très chaleureux" malgré la température qui risque d'être très basse.
*Tervisex, ça veut dire "santé !" en estonien - il faut rouler le "r" et boire cul-sec un grand verre de cachaça, blurps !!!

Précoce


C'est un joli petit bout de femme de rien du tout d'à peine 22 ans qui depuis le début du voyage, tournait autour de nous, les estoniens et moi. Nous écoutant parler anglais sans rien y comprendre, nous regardant du coin de ses grands yeux noirs avec un large sourire. Puis, le deuxième jour, je lui ai dit de venir avec nous. Comme tous les indien(ne)s rencontré(e)s, elle est curieuse, espiègle et rieuse et ne tarde pas à se foutre de moi et de mon accent de gringo. "Native" (indienne), elle voyage avec ses deux enfants de 4 et 2 ans et sa maman de 34 ans (!!!) vous avez bien lu - sa maman l'a eu a 12 ans, alors qu'elle vivait dans une réserve indienne du Maranhao. Elle part vers Boa Vista, à la frontière du Vénézuala (5 jours de bateau puis 2 jour de bus) pour y travailler et changer de vie... Son mari, paysan de 42 ans, la quittée pour une autre plus jeune (?). La condition de la femme est un concept lointain pour pas mal de ces très jeune fille qui me décrivent les mecs comme des "cachorros", des chiens qui se servent d'elles puis les jettent après usage... La gérante du petit hôtel de Manaus, qui travaille aussi dans un planning familial me confirmera plus tard cette triste histoire de filles de 12-13 ans tombées enceintes puis abandonnées par ces mecs "faisant leur marché". Il y a un garçon pour 10 filles à Manaus...

Perigoso*


Noter la gamine à l'arrière qui use de sa pagaie comme d'une dérive pour plaquer la pirogue au bateau...
*Dangereux : ils prennent des risques insensés pour vendre quelques fruits et profiter du bateau pour aller d'un village à l'autre... "Ils", ce sont les caboclos, les "indigènes", comme ils disent ici, qui vivent sur les rives de l'Amazone dans un isolement total. Ils crochètent au passage le bateau qui, imperturbable, file jour et nuit à 20 à l'heure. Ça marche pas à tous les coups mais quand ils réussissent, ils passent de 0 à 20 à l'heure en 2 secondes sur une embarcation très instable. Puis très vite, ils arriment la pirogue et montent sur les ponts pour te vendre des fruits ou des petites crevettes salées (très bonnes) pour quelques reals...

Complètement bourrée...

Les hamacs du pont intermédiaire : souvent 3 niveaux, papa en haut, maman au milieu et enfant en dessous !!
Ici on dit "cheio" ou "lotado" dans les deux cas, ça veut dire que le joli bateau qui nous amène vers Manaus est plein comme une outre... Sur le pont supérieur, à la proue on trouve le poste de commandement puis quelques micro-cabines avec deux couchettes. Luxe extrême, elles sont équipées de douche, toilettes et climatisation - enfin au début, puisque après 2 jours, la clim' est en panne et tout le monde dort la porte grande ouverte ou directement sur le pont. Derrère, ça grouille de gens installés dans des hamacs. A la poupe, une terrasse découverte est équipée d'une douche. Petit soucis, les deux pots échappement du diesel y débouchent, dans un bruit d'enfer et une odeur nauséabonde. Sur le pont intermédiaire, on trouve un bar-épicerie, un espace "détente" puis juste derrière, une quantité invraisemblable de gens dans des hamacs, puis enfin quelques douches, toilettes, lavabos et à la poupe une cuisine et une mini-salle de restaurant - qui sert pour une poignée de reals une cuisine très acceptable. Il y règne une chaleur infernale car elle est située juste au dessus du moteur. Le pont inférieur est dédié aux marchandises, pour la plupart alimentaires. A la poupe, on trouve le moteur et un espace dédié à l'équipage. Ça ressemble à l'enfer : ça pue le gasoil, le vacarme est assourdissant et il fait 45 degrés.
Sur les deux ponts supérieurs, des familles entières ont passé 12 jours (aller et retour). Installées sur 3 niveaux de hamacs, papa en haut, maman au milieu et enfant en bas. Elles cuisinent, sous ces hamacs, dans une précarité absolue mais dans la bonne humeur. La majorité de ces familles est venue demander la protection de Nossa Senhora de Nazaré à la grande fête religieuse du Cirio à Bélem. La foi permet tout...

-15

K.O. les kilos... A ma droite les estoniens jouent aux échecs, à ma gauche les brésiliens aux cartes pendant que je fais la "nounou" avec les gosses du bord...
C'est pas la température du jour mais le nombre de kilos en moins depuis mon départ de France. Je sais pas si c'est la nourriture, le climat, l'énOoorme dépense énergétique des 3000 kilomètres de biclou ou si c'est tout ça ensemble... Dans tous les cas ça me va bien. En même temps qu'une silhouette acceptable, j'ai retrouvé la patate, pardon la "batata"... Petit problème, je flotte littéralement dans mes fringues... les ceintures sont trop grandes, je peux enfiler et retirer les pantalons et shorts sans déboutonner. Bref, j'ai une garde-robe entière à refaire.

Entre 27 et 32...


Les brésilien(ne)s sont curieux et ne tardent jamais à te demander ton âge. Je dis que je m'en souviens plus et que je l'ai oublié en France. Du coup, c'est devenu un jeu où tout le monde est unanime : on me donne entre 27 et 32 ans... Ça me va très bien et quand j'annonce mes 40 balais on me croit pas et on me dit souvent "voce parece ser um novinho" (t'as l'air d'être un jeunot !).

lundi 20 octobre 2008

Manaus

Le Nelio Correa, il a un petit quelque chose des bateaux à aubes du Mississipi...
Je suis arrive a Manaus  après un joli voyage de 6 jours sur l'Amazone... Le bateau, plein comme un œuf, après la trêve religieuse du Cirio a pris un jour de retard. Mi-marchand, mi passager, il a enchaîné les arrêts dans les ports pour "charger-decharger" personnes et marchandises dans un désordre savamment orchestre... Plein de rencontres, pleins d'histoires à raconter sur la vie sur ce très grand fleuve. Je vous prépare quelques notes de voyage, comme d'habitude, totalement partiales et un diaporama bien fourni... En ligne dans quelques jours.
Pour l'heur, je file préparer mon périple amazonien : trois jours en forêt a traquer le "jacaré" (alligator) et pecher le piranha que l'on dégustera le soir autour d'un feu de camp avant de passer une journée dans un village indien. Ça sent un peu "l'attrape-touriste" mais y'a pas franchement le choix ici dans cette ville gigantesque ou je ne resterai que 4 jours. Je vous donnerai mes impressions...
Je volerai ensuite vite fait vers Rio pour récupérer l'autre vélo - celui-ci étant en "petite forme" - avant d'attraper un bus vers l'Ouest  brésilien et ses vastes étendues inondées...

dimanche 12 octobre 2008

Rencontre improbable...

Quand c'est pas le bordel (on dit aussi "bordel" ici) dans ma tete, je passe mon temps a discuter avec des gens dans la rue ou dans les lieux publics... derniere rencontre en date : je traine dans le quartier du vieux port de Belem, je fais des photos des bateaux decores, c'est la fin de journee et un mec comme moi : blond (blondin, dirait Jean-Luc), bronze, un peu freluquet, avec des lunettes de soleil passe pas inapercu dans ce quartier populeux de la ville. Ici, tu croises pas de dentelieres ou de danseurs etoiles, les nanas sont mastocs et les mecs ont la finesse des buffles d'eau que l'on voit partout dans la region... Depuis mon arrivee dans le Para, j'ai pris l'habitude de me faire siffler par les nanas (veridique !!) mais il parait que dans le Para c'est normal (jeu de mot facile : j'adore). Cette fois-ci c'est un mec bien massif, la gueule en coin qui me lance un "toi t'es italien et t'es gay" Je lui reponds du tac au tac que je suis pas italien et que j'aime les filles plus que lui - ce qui le surprend et il se radoucit aussitot. Je suis pas franchement rassure, j'ai un appareil photo, du flouze et je suis isole mais je feins la decontraction. Il me rassure et le voila qui se met a me parler de sa vie de docker dans le port depuis 20 ans et de son desir de changer de vie, de quitter cette ville, ce metier pour emmener sa famille loin d'ici. Il me dit qu'il a pas le niveau d'etude suffisant mais que moi j'ai l'air de savoir ce qu'il faut faire. Il veut que le conseille, que je l'aide (il veut pas d'argent - il veut des idees) Il me dit regretter sa pauvre vie et de n'avoir que des copains de beuverie - en 20 minutes, ce mec de 130 kg me retournent les tripes avec l'histoire de sa vie qu'il raconte avec une grande sensibilite et une parfaite conscience de sa condition. Je le quitte apres une biere, tout confus de ma condition d'europeen nanti et bien portant. Y'a des gens etonnants partout !!!

Dans tous mes etats...


Depuis le debut du voyage j'ai traverse la bagatelle de 8 etats bresiliens : Sergipe, Alagoas, Paraiba, Rio Grande Do Norte, Ceara, Piaui, Maranhao et Para... arrive a Manaus ca fera 9 avec le grand etat d'Amazonas... Si l'on compte Rio ca fait : 10, Sao Paulo : 11, etc, etc... vertige ;-)

Confusion mentale


Desole Ana, j'arrive plus a aligner deux mots ! (devant moi c'est l'Amazone, derriere c'est aussi l'Amazone, he, he ?)
Depuis le debut du voyage, je n'avais quasi rencontre que des bresiliens et je parlais donc que portugais (en tout cas j'essayais ;-) Depuis mon arrivee a Belem, dans ce petit hotel "Amazonia" a l'esprit bien routard, je croise des gens du monde entier et la je decouvre stupefait qu'au moment de parler anglais, je ne sais plus aligner deux mots... les mots se melangent pour former un parfait "portanglais" melange pas du tout homogene de portugais et d'anglais. Si vous ajoutez a ca le fait que mon portugais se matinait deja d'espagnol vous avez une langue parfaitement incomprehensible que moi-meme je ne maitrise plus. Les mots sortent de facon desordonnee sans que je n'y puissent rien. Le pire dans tout ca est que apres avoir tente de parler anglais, je n'arrive plus a parler portugais - En clair, c'est le bordel total dans ma tete...

Paresseux

L'ile amazonienne de Cotijuba est peuple d'un tas d'animaux et notamment de Paresseux - que je vois en vrai pour la premiere fois de ma vie. C'est doux comme tout, ca a une tete rigolote (il me fait un sourire la, non ?) et c'est d'une lenteur extreme. Celui-la est semi-apprivoise par le mec du resto qui lui file a manger et, pas conne, la bestiole reviens chaque jour chercher sa ration... Cette journee-la, on se reconnait un peu dans cette bestiole sympathique - on passe la journee a rien faire sur la plage en mangeant des poissons grilles et buvant des bieres glacees - le plaisir !!!!

Mon Amazone a moi...

Ma jolie guide est devenue "un peu plus" et on passe la journee du lendemain sur une des tres jolies plages amazoniennes en face de Belem dans la baie de Marajo... Une heure de traversee pour arriver a peine au milieu du fleuve : c'est immense !!!! Surprise, la vieille dame derriere moi sur le bateau est francaise et a une maison "depuis longtemps" sur cette ile perdue au milieu de l'Amazone. Sur ses conseils, on rejoint en charrette - pas de bagnole sur l'ile - une tres belle plage. Et si la-bas, loin dans le fond, on ne devinait pas les bords de l'Amazone on pourrait se croire au bord de la mer. Evidemment l'eau est douce et, c'est etonnant, plutot chaude... Le cocher me dit que des terrains sont a vendre a partir de 2000 reais - rien du tout pour ce petit bout de Paradis... totalement preserve !

Sans foi, ni toit...


Belem, c'est aussi des Docks, fraichement transformes en attrape-touristes...
Le lendemain, je me barre de la "Prisao-hotel" comme je l'appelle... je retrouve ma nouvelle amie avec qui je traine la ville tout le matin pour trouver un hebergement digne de ce nom. Le Cirio a fait grimper les prix et apres 3 heures de recherche je trouve enfin un hotel a un prix correct... Entretemps, j'ai achete mon billet pour Manaus et negocie la possibilite de dormir sur le bateau dans la port pour "gagner" sur mes nuits d'hotels ;-) On decouvre la ville et les preparatifs de cette gigantesque fete religieuse, elle aussi vient d'arriver a Belem. Nee dans un village des bords de l'Amazone, elle a rejoint la ville pour trouver du travail - comme beaucoup de monde... L'approche de la Fete a draine pas mal de "gueules-cassees", de "pas-beaux", de "mal-en-points" ici et je suis pas absolument certains de la securite la nuit dans ces quartiers bien populaires. On fait donc super-gaffe a pas trainer trop tard dans la vieille ville...

Belem...


Jour de fete a Belem, les bateaux sont decores aux alentours du Marche de Fer
Une arrivee a Belem quelque peu compliquee ; ville de dingues ou je manque dix fois de me faire renverser avant de trouver une piste cyclable au milieu d'une immense avenue de 2x3 voies - je roule plus d'une heure avant d'arriver, enfin, au bord de l'Amazone... C'est la fin du voyage a velo du Nordeste, je suis ravi - creve et trempe, par cette moiteur extreme qui regne ici... Il pleut tous les jours et fait 37 degres a l'ombre, ouch !!! Ca casse un peu ! C'est la semaine du Cirio 2008, le plus gros evenement religieux du Bresil - 2 millions de personnes dans la rue pour feter Nossa Senhora de Nazare. Je galere pour trouver un hotel. Je demande dans la rue et une jolie fille m'invite chez elle - elle plaisante mais je la prends au mot et du coup elle me file un coup de main pour touver un hotel... cradingue, qui a tout d'une prison - en plein coeur du vieux Belem... Pas le choix, je chercherai demain - pour le moment je dois poser mon biclou, me doucher, me reposer...

Pas de bol (bis)


Depuis quelques jours, je sentais les vitesses du velo se deregler sans rien pouvoir faire ; reglage, re-reglage, c'etait tous les jours pareils... Apres un examen scrupuleux, je m'apercois a Castanhal (70 km de Belem) que la patte qui soutient le derailleur - le truc qui permet aux vitesses de passer - est fissuree... Je croise les doigts, je serre les fesses et je me dis, optimiste qu'elle va tenir jusqu' a Belem. Le dernier jour, la patte casse apres 20 m en plein centre ville et le derailleur part dans la roue - toute neuve - rebelotte !!!! Rayons casses, roue voilee et derailleur explose... Il est 7h30 du mat' et je demonte tout dans la rue pour supprimer le derailleur, devoiler la roue, raccourcir la chaine pour pouvoir pedaler avec une seule vitesse - 70 km, c'est pas la mort et j'arriverai a Belem sur les genoux, si il le faut !!!! Et ca le fait, je pedale dans la semoule pendant 3h30 mais j'arrive a Belem sur le velo. Alors, Remi, si tu me lis ; voila le genre de piece qu'il me faut en double pour un prochain voyage !!! Tu peux deja les commander ;-)

Pas de bol...


Je suis enfin arrive a Belem apres deux jours de galere... Tout d'abord la piqure d'une abeille habile sur la paupiere : habile car reussir a me piquer malgre les lunettes et la casquette, il fallait une certaine habilite... Un peu chiant, car les abeilles ici ont mute suite aux experiences d'un biologiste bresilien qui cherchait a ameliorer leur productivite. Elles se sont d'ailleurs repandues dans toutes les ameriques. Aux Etats-Unis, ils les appellent les "abeilles tueuses" car si elles sont devenues plus productives elles sont aussi devenues un poil plus agressives. Bref, oblige une fois de plus de trouver un "centro de saude" pour retirer le dard (j'ai rien pour le retirer) et demander un avis sur ma paupiere qui enfle... Coup de chapeau a ces petits centres dissemines sur tout le territoire bresilien ou tu trouves toujours un mec ou une nana sympa pour soigner gratuitement les petits bobos... Dard retire, piqure avec un anti-allergique, au cas-ou, et je reprends ma route... 3 heures plus tard je sens plus rien et mon oeil a degonfle.

lundi 6 octobre 2008

Beaux et bon a la fois...


Depuis mon arrivee dans l'etat du Para je vois des petites guitounes "Friobom" (BonFroid)partout... Curieux et gourmand, je m'approche et je decouvre un choix delirant de sorbets aux fruit exotiques absoluments excellents (depuis, je me gave). Sur la photo "la sorbetiere" m'accueille dans un large sourire avec ses 3 enfants - la petite est absolument craquante et la plus grande est toute etonnee parce que je viens de lui dire que je suis francais et que je voyage en velo au Bresil... Je veux des enfants comme ca !!!

J'ai du bol...


La roue est cassee mais j'ai pu rejoindre l'etape cahin-caha : une ville moyenne. La premiere personne a qui je parle dans la rue est passionnee de velo et propose de m'amener des le lendemain dans une boutique qui pourra "tout reparer"... Ce matin, a l'aube j'etais donc chez le marchand de cycle qui me bricole une roue toute neuve... Ma roue "allegee" possedait 24 rayons et lui n'a que des jantes normales avec 26 - De plus, j'ai paume un rayon cette nuit en roulant. En deux heures il va bricoler un truc super qui va me permettre d'arriver a Belem... Je ne paye que 15 euros, le prix de la jante parce que "je suis sympa et que je voyage en velo". En prime, il me file un tee-shirt et me demande d'aller me faire photographier au pied de la Tour Eiffel avec et de lui envoyer la photo en echange - excellent !!!!

Cassee...


A force de faire le zouave sur des routes, chemins et pistes defonces, la roue arriere du velo a lache - les rayons se sont arrachees et j'ai du faire 100 bornes avec une roue ovale, voilee - sensation etrange proche de la navigation en mer...

Frontiere...


J'ai encore passe une frontiere entre le Maranhao et le Para. Etape importante, j'ai croise le deuxieme parallele juste avant l'equateur... Il fait beaucoup moins chaud, il pleut (pas vu de pluie depuis un mois), la vegetation est plus dense et le relief plus marque. A 100 m de la frontiere, je suis "cueilli" par un enorme orage qui dure deux heures... En attendant, je partage avec des gamins du coin, des batons de canne a sucre pour en extraire le jus delicieux comme on mangerait des batons de reglisse en France...

Gamins-pecheurs

Fin de journee, je file silencieusement sur "ma bicicleta" et 500 m apres un village tres pauvre je rencontre au bord de la route des gamins pechant avec un long filet dans des mares d'eaux boueuses... Je m'arrete pour leur demander ce qu'ils pechent et l'un deux me montre ce poisson minuscule... Ce jour-la, j'aurais tout donne pour que ces poissons soient 20 fois plus gros - misere...

Alcantara

Rosa, Rosa et Peo's notre guide sur la plage d'Alcantara - on cherche des huitres - excellentes !
Apres Sao Luis, j'ai rejoint Alcantara juste de l'autre cote de la baie - encore un endroit sublime ou j'ai passe deux jours merveilleux entre falaises, mangrove et ocean... Premier bain de mer depuis plus de 15 jours - delicieux... Les deux nanas de la petite pousada m'embarquent pour une randonnee de 3 heures alors que je viens d'arriver... excellent !!! Pour la premier fois de ma vie, je vois des Guaras, de grands oiseaux rouges vermillons et des "poissons-surfistas" a 4 yeux : 2 pour voir en dehors de l'eau et 2 pour voir sous l'eau - desole, j'ai oublie leur nom "a coucher dehors !!!!" Ils se deplacent sur l'eau en surfant sur les vagues des bateaux ou sur les plages...


La photo est mauvaise mais on voit bien "le surfeur"

Cata-marrant !!!


Ca c'est un clin d'oeil pour France, parce que pour la premiere fois de ma vie j'ai mis le pied sur un catamaran pour traverser la baie de Sao Luis - 23 km en une heure sur une mer bien formee avec beaucoup de vent - j'ai pris de l'eau plein la tronche et j'ai adore ca... Mon biclou sur le pont avant a ete rince a l'eau de mer pendant une heure et j'ai paume ma casquette qui flotte maintenant paisiblement dans les eaux de l'Atlantique... Si tu la vois, ramene la, c'est une casquette couleur creme, toute pourrie mais que j'adorais parce qu'elle me protegeait le caillou des assauts du soleil... A l'arrivee, le capitaine a absolument tenu a faire laver mon velo a l'eau claire - Merci, Cap'taine !!!

D'une rive a l'autre...


Traversee de bac dans les Lencois - une aventure : le bac a pas de moteur et c'est une petite barque motorisee qui le pousse !!!!

Un clin d'oeil a mon poteau Herve...pour dire que je compte plus mes passages de rivieres, fleuves, bras de mer et que je me regale a chaque fois car c'est jamais le meme bac mais c'est toujours avec les moyens du bord et dans la bonne humeur... A notez, c'est souvent gratuit !!!!!

J'en ai marre...

1) de manger tous les jours rigoureusement la meme chose : riz, pates, haricots noirs, viande, farine de manioc et tomates pas bonnes - je trouve rien d'autre - c'est a pleurer ;-)
2) des bagnoles des elections qui me doublent 10 fois par jour avec une enoOorme sono, ecumant les campagnes avec le meme message "votez tel numero !!!!" Ouf,c'est fini depuis hier !!!
3) des mecs qui me klaxonnent sur la route 100 fois par jour pour me saluer - ca pars d'un bon sentiment mais, la, s'il-vous-plait, les moto-taxis, bagnoles, charrettes, camions... arretez parce que la j'en peux plus...
4) des boutiques qui n'ont pas de monnaie sur des touts-petits billets - ca en dit long sur le petit volume d'affaire qu'elles doivent gerer !!! Je passe mon temps a demander de la monnaie. Alors que les distributeurs me delivrent des gros billets !!!
Photo : mon plat de tous les jours - "Cherie qu'est ce qu'on mange ce soir ? La meme chose qu'il y a un an mon Amour !!!" Notez la voiture dans la salle du resto - plus rien ne m'etonne ici...

Saint Louis


Des maisons coloniale vaguement delabrees, c'est une partie de Sao Luis - Ici un college... en activite !!!!
Le lendemain, et parce que j'ai repere un petit hopital public la veille pendant ma visite nocturne, je decide de me faire retirer les fils de ma blessure au pied (je les ai toujours et je peux pas aller dans l'eau). J'arrive sur place : 30 personnes, majoritairement des femmes enceintes qui me regardent comme un extra-terrestre (pas de blancs ici - tout le monde est petit, type indien ou black). J'explique mon cas a la nana qui note les entrees et je m'asseois, patient, pret a attendre 2 heures... deux minutes apres, un mec vient me chercher et explique que je viens de loin et qu'il faut m'aider... et tout le monde d'acquiesser avec un large sourire... Gene, je suis le mec et en 5 minutes, j'ai un pied tout neuf !!!! Je remercie tout le monde dans la salle d'attente ce qui provoque des grands eclats de rire... puis je m'eclipse. Je replie le biclou pour faire du stop comme on me la conseille la veille. Sao Luis est a 100 bornes d'une longue et grande route sans interet. Je suis au bord de la route depuis 5 mn quand un mec s'arrete pour me prendre en stop - c'est une petite bagnole, ils sont 4 dedans mais veut bien m'emmener pour quelques reais - on empile les bagages et on arrive a tout faire tenir pour me retrouver deux heures plus tard a Sao Luis (Saint Louis)... Ville gigantesque construite sur une ile par les colons francais en 1621 (pas sur de la date). Je deplie le velo dans une station-essence de la peripherie, qui comme beaucoup de villes bresilienne est horrible. Beaucoup de probleme d'insecurite ici - je suis pas super a l'aise en traversant les favelas pour arriver dans le centre historique. Je trouve un hotel vide mais tres sympa (Pousada Cardeal - je fais de la pub, Marcello le gerant est super ;-) dans une jolie maison de 1822. Douche-sieste puis ballade nocturne dans la ville - je suis pas rassure par les mecs louches que je croise a chaque coin de rue... Je bois ma biere journaliere et discute 10 secondes avec une flicquette pour savoir si ca craint... "Si tu vas das les endroits ou y'a pas de lumiere - oui - sinon, non". Parce que je suis curieux, je sors du quartier touristique pour me fondre a la foule des locaux qui rentre du boulot - grande rue commercante - c'est l'heure ou les commerces traditionnelles ferment et laissent la place aux marchands ambulants - contrefacon a foison - je fais mon tour en mangeant un sorbet - pas facile de passer inapercu quand on est blond ici... Je traine pas et decide de visiter toute la ville en velo le matin entre 5h30 et 8h00, avant de partir... Riche idee, le matin, je me regale de la jolie lumiere et de la tranquillite absolue du lieu : vieilles maisons coloniales delabrees, jolie ambiance de la ville qui se reveille... et je me prend une belle gamelle sans consequence dans les escaliers de la vieille ville - pas bien reveille !!!!

Le Grand Rien...


Je pouvais pas le louper celui-la - Coca fait un lobbying "remarquable" ici...

Debout a l'aube le lendemain apres une belle et courte nuit, je suis pas en grande forme mais je me sens capable de rejoindre Icatu, d'ou je pourrais embarquer pour le pour l'ile de Sao Luis... La carte indique 120 km que je pense faire tranquillement tout au long de la journee. Je demande leur avis aux moto-taxis qui me regardent comme un fou en pensant que je ne pourrais pas rejoindre Icatu le jour meme... mais ils ajoutent "c'est peut-etre possible, tu as le vent dans le dos"... Je me mefie a moitie de ce qu'on me dit puisque depuis le debut du voyage, on me dit tout et son contraire. Je pars donc, fatigue mais serein... et commence une looOOOoonnnnngue ligne droite - a 80 km, l'estomac dans les talons je m'arrete pour manger dans un restaurant plante au beau milieu de rien. Il est tenu par des indiens qui me regardent sans dire un mot avaler ma ration quotidienne arrose de Coca... Apres 20 mn, j'arrive a converser avec eux et ils m'annoncent qu'il reste 100 km !!!!! Consternation... Apres 30 mn de repos et ce repas bien riche, en bon cheval que je suis, j'ai retrouve la forme et je decide de tenter le coup... Je "debranche" mon cerveau (tu pneses plus a rien quand tu pedales longtemps - sinon, t'y arrives pas) et je me concentre sur le long ruban asphalte qui se deroule devant moi... et je fais mes 101 km en moins de 4 heures - soient 181 km dans la journee. J'arrive a Icatu a la tombee de la nuit et on m'annonce que le bateau pour Sao Luis n'existe plus depuis 3 ans... que je ferais mieux de faire du stop !!!! Je trouve une petite pension et sympathise avec un mec qui me fait visiter cette ville du bout du monde (une seule route pour y arriver qui se termine en cul-de-sac dans la mer !!!!). Soiree agreable a manger des sorbets en discutant avec des commercantes locales qui ressemblent forts a des indonesiennes - je leur dit et ca les fait d'ailleurs bien rigoler car elles ont jamais bouge de la !!!!

Oasis


La Lagoa Azul : une des nombreuses nappes du Parc Naturel des Lencois.

Rebelotte, je me retape avec plaisir une bonne heure de Toyota sur la piste pour rejoindre Le Parc des Lencois. Ce parc est absolument fantastique et c'est peut-etre un des plus beaux endroits que j'ai vu au monde... C'est absolument magique. Un vaste desert s'etend le long de l'ocean et offre a perte de vue la vision folle de nappes d'eau douce parfaitement pures car filtrees par le sable. Ces nappes ne sont pas perennes tout au long de l'anne exceptee une seule, La Lagoa Do Peixe (Lagune du Poisson) qui abrite quelques especes animales dont des poissons. Le Parc Naturel - il est maintenant protege - s'etend sur 155 000 ha et ses nappes sont alimentees en eau par les pluies de decembre-janvier et avril-mai... La meilleure periode de visite serait donc debut juin... J'ai eu a nouveau beaucoup de chance puisqu'une partie de l'annee ces nappes sont assechees.
Jolies rencontres aussi, puisque je fais la connaissance de deux italiennes très sympa. Elles travaillent pour une compagnie aérienne et voyagent au Brésil le temps d'une escale. L'une d'elle parle francais. Nous passons une jolie soiree "romantique" dégustant des gambas grillées sur la terrasse flottante d'un restaurant, sur la rivière toute proche...