lundi 25 août 2008

Le dormeur du bas


Je sais pas pour vous mais moi la misère ordinaire ne me laisse jamais indifférent... Ce gamin là a 13 ans, tout au plus, et dort, dans l'indifférence générale, au milieu d'un trottoir de Copacabana... Cette image là me touche et me fait penser au "Dormeur du Val" de Rimbaud, tant ici, plus qu'ailleurs, la frontière entre le sommeil et la mort peut-être ténue...

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.